En 1984, l'artiste irlandais Bob Geldof mobilisait ses camarades contre la famine qui sévissait alors en Ethiopie et inspirait le tube choral We Are the World. Depuis 2012, il fait du capital-investissement en Afrique subsaharienne. Comme lui, beaucoup ont changé leur regard sur le continent oublié, passant d'une logique d'aide au développement à celle de l'investissement financier.
Amethis, le fonds consacré à l'Afrique, créé en 2012 par Luc Rigouzzo et Laurent Demay, deux anciens de l'Agence française de développement, a signé, jeudi 4 septembre, un accord avec l'Overseas Private Investment Corporation (OPIC), l'agence de développement américaine. Celle-ci va débloquer en sa faveur une ligne de crédit de long terme de 150 millions de dollars (114 millions d'euros).
"Nous voulons fournir aux firmes africaines du capital, des fonds propres et des capacités d'arrangement de manière responsable, sans prendre de risques excessifs, dit M. Rigouzzo. C'est moins risqué d'investir dans des PME de ce continent que de faire un LBO en France."
GRANDS FAUVES
Et c'est le miracle d'une croissance structurelle supérieure à 5 %. Selon le cabinet McKinsey, entre 2010 et 2015, sept des dix économies à plus forte croissance dans le monde seront en Afrique.
La morosité en Europe, le ralentissement des pays émergents, notamment en Asie, "et le décollage, maintenant visible, de nombreux pays africains ont placé le continent sous les feux de la rampe", explique Julien Riant, chargé des fusions-acquisitions au sein de Lazard-Afrique.
Fort de 128 millions d'euros de fonds propres – avec un objectif de 300 millions en 2013 –, Amethis a déjà investi dans une banque au Kenya et dans un distributeur de gaz et de pétrole en Côte d'Ivoire.
Des mises certes bien inférieures aux 600 millions de dollars que des fonds menés par le britannique Warburg Pincus se sont engagés, en juin, à verser à Delonex Energy, une société d'exploration pétrolière présente de l'Ethiopie au Mozambique.
Si les ressources naturelles restent le point fort de l'Afrique, le continent a d'autres atouts. "La croissance en Afrique est tirée aux trois quarts par la consommation", souligne ainsi M. Rigouzzo.
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